Le Widerstandsnest 17 (WN17, ‘nid de résistance 17’), ou Höhe 61 (hauteur 61) au sud de Colleville-Montgomery (à l’époque Colleville-sur-Orne), situé à 3 km dans l’intérieur des terres, comprenait une vingtaine d’ouvrages bétonnés souterrains, principalement construits en 1943, dont deux gros Postes de Commandement (Gefechtsstände) type R608 : un PC d’artillerie (1er bataillon du 1716ème Régiment d’Art.) et l’autre d’infanterie, PC du 736ème Régiment de Grenadiers (GR 736), tous deux équipés de cloches blindées.
Le colonel ou Oberst Ludwig Krug, qui commandait le 736e régiment de grenadiers et le 642e bataillon Ost, depuis son quartier général souterrain au cœur de la position Hillman.
C’est à cet endroit que s’installèrent à partir de février 1944 le colonel Ludwig Krug, chef du GR736, vétéran de la grande Guerre et du Front de l’Est, et son « état-major de commandement » (Führungsstab), c’est-à-dire ses subordonnés présents en permanence pour le seconder, comprenant son aide de camp (lieutenant Hanke), son ordonnance (caporal J. Grass), un cartographe (Zeichner, caporal-chef Hans Sauer), des dactylographes (Schreiber, dont le caporal-chef Heinz Krome), des hommes de service … une douzaine d’hommes résidait en permanence dans le bunker souterrain du colonel Krug avant le 6 juin 1944, dans des conditions assez rudimentaires.
Autour des deux PC, reliés par tout un réseau de tranchées : des postes de mitrailleuses (type Tobrouk), des abris et logements, des postes de garde, des soutes à munitions, un puits, une grosse cuve à eau, et même une cuisine et un imposant garage à canons le long de la route, depuis 1989, mémorial du Suffolk Regiment britannique.
Dans ce bunker, type R605 inachevé le Jour-J, résidait entre-autres le chef de la « compagnie d’état-major » (Stabskompanie), le capitaine Henry Kuhtz, vétéran de l’Est. L’ensemble du WN17 était entouré de 2 ceintures de barbelés et de champs de mines.
Lieutenant Hanke
Capitaine Kuhtz
Dominant la Baie de Seine à plus de 50 mètres d’altitude, le WN17, nommé « Hillman » par les Britanniques, était peu équipé et faiblement défendu, car un PC avait avant tout des fonctions d’information, de communication, de coordination et de transmission. Il était entre-autres relié par téléphone au PC de la 716ème Division d’Infanterie (à laquelle appartenait le GR736), à Caen, et aux PC des 3 bataillons constituant le régiment, celui du « Point 21 » (entre Ouistreham et Colleville, PC du 1er Bon), celui de Cresserons (2ème Bon) et de Tailleville (3ème Bon).
Le colonel Krug commandait plusieurs milliers d’hommes, répartis sur plus de 25 km de côtes normandes, de Merville-Franceville (à l’est) à Asnelles (à l’ouest) : exactement là où débarqueront le Jour-J les forces anglo-canadiennes sur Gold, Juno et Sword Beach !
Le nombre exact de soldats présents à Hillman avant le 6 juin 44 est inconnu, il devait s’y trouver au maximum une centaine d’hommes, allant de membres d’état-major de l’artillerie et de l’infanterie (comme Hans Sauer ou H. Krome) à des soldats affectés à la défense du site, comme l’adjudant-chef W. Lich, vétéran de l’Est, qui détruisit un char anglais durant les combats du Jour-J. Il y avait aussi un cuisinier, le chauffeur du colonel, des agents de liaison (Melder) etc. Mais le Jour-J, après les combats côtiers du matin sur Sword Beach, des dizaines de survivants se replièrent à Hillman, augmentant considérablement la garnison. Lors des combats de l’après-midi contre les fantassins anglais du Suffolk et les chars des Hussars, malgré une forte résistance dans la partie est d’Hillman, les Allemands furent forcés de se replier progressivement, et le soir venu ceux qui n’avaient pas été tués ou capturés se replièrent dans le PC régimentaire du colonel, en tout environ 70 soldats, épuisés, dans un bunker prévu pour une petite quinzaine d’hommes ! Il en fut de même dans le PC d’artillerie.
Hans Sauer
Hans Krome
Sans vision claire de la situation, sans eau, vivres ni munitions, abandonné par ses supérieurs, le colonel Krug se résigna à déposer les armes au matin du 7 juin, épargnant la vie à des dizaines de ses hommes, dont beaucoup, à l’image des soldats de la 716ème Div. d’Infanterie, avaient entre 30 et 40 ans, déjà pères de famille, peu enclins à mourir pour Hitler. La Bataille pour Hillman se termina finalement « avec humanité », mais coûta la vie à plusieurs soldats allemands, dont le sous-lieutenant K. Schoenemeier, tombé au poste de garde ‘est’.